« Les règles : un temps nécessaire » (janv 2015)

Article de Valentina Salonna (conseillère en symptothermie, sexologue) agrémenté de quelques notes personnelles (np) avec l’accord de ma consœur.

 

Parler des règles n’est pas chose facile, même dans notre société moderne où les tabous semblent derrière nous ! Valentina entreprend ici de vous livrer sa réflexion sur ce temps fort féminin, qui mérite en effet une bienveillante attention :

arbre-feminin-968x1024Pour beaucoup de femmes, la période des règles est vécue comme difficile, pénible voire douloureuse. Parfois, entre ressenti réel et influence culturelle, certaines femmes se sentent même encombrées, sales ou impures. Beaucoup aimeraient en être « débarrassées ». C’est d’ailleurs possible aujourd’hui avec certaines pilules (np : ainsi qu’avec des stérilets hormonaux ou des implants), qui les suppriment purement et simplement. Dans les journaux féminins, on trouve aussi parfois des articles qui ne nous invitent absolument pas à nous réconcilier avec nos règles. Dans le magazine français Causette, par exemple, en décembre 2009 lors d’un dossier consacré aux menstruations, je pouvais lire : « Des médecins sont partis en campagne contre les règles, dont ils assurent qu’elles sont superflues et même dangereuses (…/…) Vous le savez peut-être si, comme des millions de Françaises vous prenez la pilule, les règles que vous avez tous les mois sont artificielles et ne correspondent à aucune fonction biologique. »

Autant vous dire que je suis en désaccord profond avec ce point de vue ! A mon sens, les règles font partie de l’équilibre et de la santé de la femme. Et ce, pour plusieurs raisons :

Note personnelle : tout d’abord reprenons cette phrase du magazine Causette et soyons clairs car leurs propos sont étonnamment inversés. Ce qui est artificiel et qui ne correspond en rien à une fonction biologique, c’est précisément les écoulements sanguins qui se manifestent sous prise de contraceptifs hormonaux, quels qu’ils soient. Pour le reste, les règles à proprement parler, considérons les aspects suivants :

D’un point de vue purement biologique. C’est un temps de nettoyage, à travers l’émonctoire de l’utérus, propre à la femme. Elle évacue la vieille progestérone, les autres hormones qui circulent dans le sang de tout son corps, mais aussi les toxines (np : toxines que les hommes ont plus de facilité à éliminer par la voie de la transpiration). Elle libère aussi ses seins, qui étaient gonflés sous l’effet de la progestérone.  Après ses règles, la femme se sent régénérée, prête à redémarrer un nouveau cycle. C’est aussi grâce à cet « auto-entretien » – aussi naturel que régulier – qu’elle peut correctement accueillir la vie en son sein. Notamment, les règles sont là pour expulser l’endomètre – le potentiel nid de gestation – qui s’épaissit et se renouvelle à chaque cycle.

NP : ce renouvellement va recréer de jeunes « cellules en dentelles » (vocab méd = cellules déciduales) à la surface de l’endomètre, seules capables de recevoir l’embryon. Sans elles – au lieu de nider – l’embryon serait considéré comme un corps étranger par le système immunitaire de la femme, et serait donc éliminé. Ces cellules constituent donc une précieuse interface d’accueil : très spécifiques dans leur rôle, elles en sont d’autant plus fragiles d’où la nécessité biologique de leur renouvellement mensuel.

D’un point de vue historique. Certains peuples premiers reconnaissaient l’importance de ce temps féminin. Pour certaines ethnies, ces périodes, anciennement appelées « lunes », étaient considérées comme sacrées par toute la tribu. C’était un temps particulier où la femme recouvrait son plein pouvoir féminin. En effet, pour la femme ancestrale, les lunes étaient un moment idéal pour pratiquer ses rituels, pour faire le « focus » sur sa vie et le ménage sur ce qui s’était passé au cours du dernier cycle. La femme entrait en purification et elle pouvait recevoir beaucoup plus facilement des visions ou des rêves prémonitoires (par exemple chez les Yurok en Californie et bien d’autres. Ces rituels renaissent d’ailleurs). Il est peut-être temps de reconsidérer ce savoir perdu.

A noter, par ailleurs, que le sang menstruel était sacré et utilisé pour faire des élixirs de vie chez les Égyptiens. Il entrait dans la composition des offrandes pour certaines fêtes chez les Grecs ou pour stopper les guerres chez les Amérindiens.

D’un point de vue énergétique. C’est un temps charnière entre deux cycles, une fin et aussi un début. Les règles sont l’hiver du cycle de fertilité. Elles nous rappellent que les femmes ont avantage à se mettre en accord avec les processus de la vie et de la nature : germination, floraison, régénération… Les femmes sont des êtres profondément cycliques. Souvent femme varie, dit-on. Reconnaître le temps des règles, au même titre que la phase ovulatoire par exemple, permet de mieux appréhender les variations de leurs humeurs, de les accepter aussi comme transitoires et porteuses de belles évolutions.

Les quatre saisons du cycle féminin (+ analogie avec Lune) …/…

Lire l’intégralité de l’article sur le site de Valentina !

La respiration du cycle

Pour conclure, je vous livre une analogie entre le cycle féminin et la respiration. La respiration est portée par le mouvement, par l’oscillation naturelle entre deux forces. Ce mouvement, c’est la vie ! Dans l’inspiration, nous amenons l’air dans nos poumons, lui apportant de l’oxygène. Dans le cycle féminin, la phase pré-ovulatoire, c’est la phase inspiratoire où notre énergie remonte. Le jour sommet ou pic ovulatoire, correspond à ce temps de rétention des poumons pleins, avant de plonger dans l’expiration de notre fertilité, la deuxième partie du cycle. Enfin, vient le temps des règles qui correspond au vide des poumons, un vide nécessaire à notre féminité. Vide qui appelle ensuite le plein, fourni par une nouvelle inspiration, dans tous les sens du terme !

Vraies règles ou saignements intermenstruels ?

Telle est toute la question ! car il y a une grande différence entre les règles véritables et les saignements intermenstruels : c’est l’ovulation qui précède ou non l’écoulement sanguin.

Nous parlons en effet de  « règles » (de règles véritables, au sens strict de leur définition ! ) quand nous sommes sûres qu’il y a eu ovulation avant les saignements grâce à l’observation symptothermique. Les règles démarrent alors un nouveau cycle et sont infertiles. Le cyclogramme sympto deviendra rose dans cette première phase, notamment pendant les premiers 5 jours. Quand les menstruations sont plus longues (avec une période de spotting assez étalée), elles cachent une dysfonction hormonale que l’on peut facilement repérer avec sympto.

(Note personnelle : plus précisément, à l’attention de femmes dont les saignements sont longs… sachez que l’infertilité est absolue pendant les 5 premiers jours du cycle, sous réserve toutefois que celui qui vient de se terminer n’ait pas été inférieur à 25 jours… auquel cas, une précaution s’imposera lorsque vous ne souhaitez pas concevoir.)

Les « saignements intermenstruels » peuvent ressembler à des menstruations (période attendue, abondance, etc) mais ils vont rester classés comme de simples saignements et ceci pour autant que l’observation symptothermique nous permette de constater que l’ovulation n’a pas encore eu lieu. Ils peuvent être fertiles et seront indiqués en bleu sur le cyclogramme sympto.

La méconnaissance de cette « grande différence » a induit beaucoup de femmes en erreur. Il arrive même fréquemment que des femmes pensent et déclarent être tombées enceinte pendant leurs règles, d’où la peur des méthodes naturelles de contraception.

Personnellement, j’accompagne beaucoup de femmes qui ont en apparence des cycles réguliers (c’est à dire des cycles dont la durée correspond aux 28 jours « convenus ») et qui, malgré tous leurs efforts, ne parviennent pas à être enceinte. Grâce au suivi sympto.org, les femmes sont à même de faire la différence entre des règles et d’autres saignements, de repérer les périodes anovulatoires (les faux cycles, en quelque sorte) : elles pourront ainsi prendre les mesures qui s’imposent.

 

Pour aller plus loin : 

Voir le film : The moon inside You (La lune en moi) de Diana Fabiánová – et la version pour les adolescentes, en accès libre : Monthlies

France/Espagne/Slovaquie, 2009, 1h15mn (résumé en Français) : « Comme de nombreuses femmes, Diana, jeune trentenaire slovaque, souffre de règles douloureuses. Est-elle en bonne santé ? Ces spasmes ont-ils des racines plus profondes, familiales, sociales, culturelles, voire politiques ? Partant d’un questionnement intime, la jeune femme propose une enquête drôle et iconoclaste, mais on ne peut plus sérieuse, sur la question des menstruations – un sujet encore largement tenu secret et objet de nombreux préjugés. »

Enfin, à écouter : Règles des femmes, le dernier tabou – France Inter

 

 


 

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